Le Temps
Ce mois-ci, nous vous proposons de lire un extrait du livre Le Temps, publié par la Diffusion Rosicrucienne.
Œuvre collégiale. L'extrait qui suit a été écrit par Éliphas DRIPPIC.
LE TEMPS SACRÉ
Dans les temps reculés des sociétés archaïques, à l’époque où l’intelligence humaine fait son apprentissage de la vie, le mythe apparaît comme un phénomène universel. Vécu comme une réalité, il ne fait alors l’objet d’aucune remise en question, il n’est ni conte ni légende, il est en chacun et partagé par tous, en permanence pratiqué et ravivé par le chaman, l’homme qui sait parce qu’il a gardé le contact avec le ou les « père(s) fondateur(s) ». Le mythe relatant une création, toutes les étapes de la vie, de la naissance à la mort, des travaux des champs à la construction des habitations, phénomènes heureux ou malheureux de l’individu ou du groupe, tout est issu de l’œuvre d’un créateur : dieu, être surnaturel aux pouvoirs extraordinaires, héros civilisateur… Puisque tout a eu un commencement, qu’il s’agit là d’un moment exceptionnel dans l’histoire de l’univers, l’homme doit en garder la mémoire et assurer la pérennité d’une telle connaissance. Le mythe assumera cette fonction avant même la constitution d’un système religieux tel qu’on l’entend aujourd’hui.
Le mythe révèle des degrés de réflexion et de compréhension des phénomènes naturels, difficiles à accepter par l’homme moderne. En effet, les études menées aujourd’hui pour comprendre et mesurer ces mêmes phénomènes s’appuient sur des moyens techniques et des budgets énormes, bien loin du mode de fonctionnement des sociétés archaïques. Mais la sagesse est-elle liée de quelque manière aux moyens matériels ? Est-elle réservée davantage à l’homme moderne qu’à celui du passé ?
À l’origine, la notion du temps est extrêmement liée à celle de la création. Notons par exemple que les termes « temple » et « temps » dérivent de la même racine latine. La présentation qui va suivre s’appuiera donc sur les mythes de la Création, à l’origine des principales fêtes, et donc de l’organisation du temps. À travers liturgie et symbolisme, nous en arrivons aux vestiges des craintes ancestrales de l'homme, qui transparaissent dans le pouvoir donné au temps. Enfin, la compréhension des civilisations qui nous ont précédés ne doit pas nous soustraire de la réflexion à mener pour faire évoluer un concept et s’interroger sur sa réalité.